Le Saguenay... jusque dans ma vaisselle
Je suis une fille de détails, depuis toujours. Bien avant Pinterest et Instagram, sans absolument aucune motivation reliée à notre présente ère hautement visuelle et liée aux réseaux sociaux, c'était moi la fille qui créait des petites vignettes printannières dans le temps de Pâques dans ma chambre d'adolescente. C'était moi qui insistait toujours auprès de ma mère pour acheter les jolies serviettes de table, la papeterie cute, les boîtes de mouchoirs avec les plus beaux motifs. Qui passait quelques heures, même quand je n'avais pas d'enfant, à préparer des sacs individuels aux petites voisines pour l'Halloween, avec leurs noms écrits au long découpé en X-Acto, sacs que je fermais à l'aide d'un large ruban noir en satin.
Ça fait vraiment longtemps que j'ai compris que m'entourer de ce qui est beau me remplit de bonheur. Alors j'essaie le plus possible. Tout le temps. Je pense d'ailleurs que c'est beaucoup à cause de cette obssession des détails et ce souci de créer du beau, lentement et longuement aiguisé au file des années, qui a donné le goût à Marie-Joanne de m'engager comme styliste pour son livre.
Bref, une des choses que j'aime beaucoup, qui est un de nos passe-temps familiaux, c'est de faire les antiquaires. C'est une activité qui se marie vraiment bien à celle de ma passion pour la bouffe, pour mon plus grand plaisir d'ailleurs! Depuis quelques années j'ai donc amassé beaucoup de trucs vintage pour ma cuisine. J'ai appris à les connaître au point que l'autre jour mon éditrice pour Fraichement Pressé, après que je lui ai envoyé le texte qu'elle m'avait commandé sur des trucs pour choisir de la belle vaisselle, m'a répondu : "Ayoye, t'es donc ben experte!" 😅
Mais comme j'ai aussi un certain désir de simplification dans ma vie, je n'achète que ce dont je peux me servir. Ce qui est parfait parce que l'avantage des produits vintage, c'est qu'ils ont la plupart du temps été conçus et fabriqués pour durer. Pas de concept d'obsolescence programmée dans ce temps-là, même pour les produits de consommation courante fabriqués en usine. J'ai donc plein de choses que j'adore et dont on se sert (au quotidien ou encore plus occasionnellement) vraiment, qui remplissent leur fonction avec grâce et efficacité depuis presque 100 ans. Ces petites affaires-là, ça participe vraiment à ma joie de vivre.
Ma dernière trouvaille coup de coeur, c'est ce type de vaisselle (j'ai acheté ce lot de pots à crème et sucriers en 3 couleurs), que j'ai déniché à Ottawa. Leur pimpante teinte printannière m'a tout de suite attiré. Mais leur nom encore plus : il s'agit de vaisselle Saguenay!
L'ironie, c'est que je n'en avais jamais trouvé au Québec (ni ailleurs, par le fait-même). Mais voici ce que j'en ai appris : ce type de vaisselle était fabriqué à Montréal par Dominion Glass, dans les années '30.
La vaisselle Saguenay était vue comme le pendant canadien de la vaisselle Dépression, fabriquée aux États-Unis à la même époque et l'un des styles vintage les plus populaires aujourd'hui. Pour ceux qui ne connaissent pas, la vaisselle Dépression, c'est cette belle vaisselle de couleur (rose! vert! orange!) en verre travaillé.
La vaisselle Saguenay est donc elle aussi en verre, mais peint. Elle est toujours finement striée. Elle venait en jaune, rose, vert menthe et bleu.
Pourquoi Saguenay? Surtout qu'il n'y a pas d'autre style de vaisselle qui s'appelle disons, Québec ou Mauricie? La meilleure hypothèse que j'ai trouvée, c'est qu'en 1938, quand la production de cette vaisselle a été lancée, ma belle région natale fêtait son 100e anniversaire.
